Occitanie (Gers) Tous contre l’ambroisie
Dans le nord du Gers, l’ambroisie pollue les champs de tournesol, indispensables aux abeilles. Réduire les surfaces fragiliserait la filière apicole.
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Tout juste retraité de ses activités agricoles, Lilian Giordano est devenu « référent ambroisie » de son village de Plieux (Gers). Depuis avril 2017, dans le cadre de mesures nationales prises pour lutter contre cette plante très allergisante, les communes peuvent désigner une personne chargée de suivre sa progression. Dans les champs du bourg, notamment ceux de tournesol, plus spécifiquement touchés, Lilian guette l’apparition de cette envahisseuse et contacte les agriculteurs concernés pour les sensibiliser. « Cette année, sur huit parcelles recensées, six ont été maîtrisées mécaniquement ou chimiquement, et deux attendent d’être moissonnées, explique-t-il. Nous interviendrons après la récolte, nous n’allons pas détruire la production. »
Un ensemble de solutions
Nombre d’agriculteurs sont vigilants et tentent de maîtriser le problème en anticipant. Ils favorisent les rotations avec des cultures plus couvrantes (blé, orge, colza, sorgho…), décalent les dates des semis, réalisent faux semis, déchaumage et binage, sèment des tournesols tolérants aux herbicides et appliquent les traitements phyto adéquats. Et pourtant, dans le champ de l’épouse de Lilian, l’ambroisie a poussé, dès que les feuilles du tournesol ont séché et laissé passer la lumière. « Sur une parcelle infestée, le désherbage coûte 50 €/ha de plus que pour un tournesol non touché, détaille Mickaël Lafon, conseiller culture de la coopérative Val de Gascogne. Pour être rentable, son rendement doit être d’au moins 27 q/ha. »
Et Laurent Dulau, agriculteur à Plieux et administrateur de JA du Gers d’ajouter : « Pour gagner de l’argent, il faudrait vendre le tournesol 400 €/t. Chez moi, c’est la seule production déficitaire. »
Et c’est bien ce qui inquiète Philippe Lecompte, président du réseau Biodiversité pour les abeilles. « En France, le colza et le tournesol permettent de produire 60 % du miel, souligne-t-il. Or ce dernier perd chaque année en surface, notamment à cause de l’ambroisie. Cela fragilise la filière apicole. Pour nous, le maintien de cette production est indispensable. »
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